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les forçats du mariage

liette lui avait fait ses confidences, la manière expressive dont elle avait accentué sa gratitude, ne lui laissaient aucun doute sur l’impression qu’avait produite sa délicate munificence.

Cependant Juliette voulait voir Robert, et Robert ne venait point.

Le malheureux avait caché à son ami Fromont une partie de sa détresse et de ses fautes.

Repoussé par Cora Dercourt, dont la vertu était demeurée inflexible, il s’était jeté plus que jamais dans la dissipation.

C’était actuellement une femme du demi-monde qui l’occupait et le ruinait. La belle Toto était la splendeur du moment ; elle était célèbre sur le turf par ses chevaux, ses équipages, ses paris audacieux, ses diamants et ses cheveux rouges ; du reste, spirituelle autant qu’habile, et aussi avare qu’avide.

Robert l’aimait parce qu’elle le trompait et l’amusait. Chez elle, en outre, on jouait gros jeu, et toute la jeunesse crevée, parieuse et chevaline s’y donnait rendez-vous.

Jusqu’alors, Robert avait dominé les femmes qu’il avait aimées. C’était à son tour de subir une domination. Il semble que ce soit le châtiment de ces hommes qui, toute leur vie, se sont joués des femmes et de l’amour, de tomber sous la tyrannie d’une créature indigne.

La belle Toto traitait Robert sans pitié, et il ne