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les forçats du mariage

mon idée fixe, un désir si intense, que je suis presque amoureux de cette femme, qui occupe ainsi ma pensée. Voilà pourquoi je veux la voir, lui rendre service. Je voudrais l’aimer éperdument.

Mme Moriceau ne te fera pas oublier Annette. Tu l’aimeras autrement, d’un amour exalté, d’un amour d’imagination ; mais le cœur ne sera pas pris. On n’aime avec le cœur que les femmes qui en ont. Juliette est trop passionnée pour être aimante.

— N’importe ! pour le moment j’ai besoin de m’étourdir. Me permets-tu d’aller l’attendre en ton lieu et place ?

— Sans doute, dit Robert ; mais que pensera-t-elle de moi ?

— C’est bon, j’arrangerai cela.


XXXVII


Juliette arriva au Havre complètement rétablie. La traversée et surtout le bonheur de revenir en France avaient opéré sa guérison.

Sans doute, pendant les premiers jours, le remords d’avoir quitté Étienne, le souvenir de son enfant l’avaient douloureusement obsédée. Mais, peu à peu, en approchant du terme de son voyage, ses impressions pénibles s’étaient effacées, pour ne laisser de place qu’à la joie.

Elle était plus belle qu’elle ne l’avait jamais été. Sa beauté, comme voilée de langueur, sans perdre