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les forçats du mariage

— Non, non, murmura-t-elle, je ne veux pas te quitter. Je ne le puis, je ne le puis pas.

En cet instant, une poignée de sable jetée du dehors frappa la vitre.

Elle tressaillit.

C’était le signal de l’homme qui venait chercher ses effets.

Elle alla à la fenêtre ; puis elle revint au berceau.

— Mais ce ne sera qu’une séparation de quelques mois, pensa-t-elle ; car Étienne viendra me rejoindre.

Elle baisa encore l’enfant, aspira sa douce haleine.

— Ah ! si je la regardais plus longtemps, dit-elle, je ne partirais point.

Elle posa sur la table une lettre à l’adresse d’Étienne, souffla sa lumière, et sans se tourner du côté de l’enfant, se dirigea à tâtons vers la porte. Mais elle tremblait si fort que ses genoux s’entrechoquaient, et ne pouvaient la soutenir. Elle entendait, dans le silence de la nuit, les battements de son cœur.

Elle passa devant la chambre d’Étienne.

Ce fut une nouvelle épreuve. Involontairement, elle s’arrêta, appuya sa tête contre la porte, et étouffa un sanglot.

— Pauvre Étienne ! soupira-t-elle.

Elle continua sa route, d’une main portant péniblement sa malle, de l’autre se soutenant à la muraille.