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les forçats du mariage

— Cette femme de chambre, dit-il, passe pour votre rivale.

— Ma rivale, c’est faux, c’est faux ! exclama Juliette, visiblement troublée.

— La femme Bassou déclare cependant que M. de Luz l’a séduite. M. de Luz ne vous a-t-il jamais parlé de cette femme ? N’avez-vous jamais soupçonné aucune intrigue entre elle et lui ?

Juliette se leva chancelante, courut à la fenêtre.

— De l’air, de l’air ! criait-elle. Ah ! monsieur, de grâce, ne voyez-vous pas que vous me faites mourir ?

— Avouez, madame, et je vous quitte à l’instant.

— C’est horrible, horrible ! répétait-elle toute frémissante.

Le magistrat appela Étienne qui attendait dans la chambre voisine, et qui reçut Juliette dans ses bras. Les yeux hagards, la prunelle fixe, elle était effrayante à voir.

— Cela n’est pas, cela n’est pas ! disait-elle.

Elle paraissait n’avoir plus conscience de ses paroles.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda Étienne au magistrat.

Le juge ne répondit pas.

— Non, non, reprenait-elle, M. de Luz n’est pas l’amant de Lucette. Une femme de chambre, c’est impossible, impossible !