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les forçats du mariage

Étienne le conduisit auprès de sa femme. Il n’avait pu la prévenir. Le magistrat demanda à rester seul avec elle.

Dès qu’il eut expliqué le but de sa visite, Juliette montra tant d’émotion, de terreur, que le magistrat en fut touché.

— Remettez-vous, madame. Le cas est grave, comme vous le voyez ; mais nous tâcherons dans le procès-verbal de sauvegarder votre réputation.

— Ma réputation ! s’écria-t-elle, mon nom figurerait dans une affaire criminelle ! Ah ! monsieur, c’est horrible, je ne suis point la maîtresse de M. de Luz. Vous n’avez pas le droit de m’interroger.

— La femme Bassou a tout avoué, reprit le juge avec une impassibilité qui bouleversait Juliette. C’est vous et M. de Luz qui étiez dans la maison du garde, et que Bassou a vus s’échapper par la fenêtre. En avouant ici, vous serez dispensée de comparaître devant le tribunal ; tandis que si vous niez, vous devrez être confrontée avec la femme Bassou.

— Moi, confrontée avec une femme de chambre ! Mais, monsieur, de quel droit me faire subir de pareilles humiliations ? Encore une fois, je ne suis point la maîtresse de M. de Luz.

Devant tant de fierté, la conviction du juge fut ébranlée : il crut à l’innocence de Juliette.

Il hésitait, prêt à se retirer, lorsque se ravisant :