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les forçats du mariage

— Eh bien ! reprit-il enfin, voulez-vous encore partir pour Rio-Janeiro ?

— Oui. Oh ! oui, emmenez-moi loin, bien loin, dans une solitude où vous serez certain que je vous aime uniquement. Et un jour, plus tard, n’est-ce pas ? quand vous serez sûr de moi, vous me rendrez votre affection.

— J’essayerai, dit-il avec effort. Mais sachez-le bien, si nous quittons la France, ce sera pour longtemps.

Elle accepta et remercia avec effusion.

Ils convinrent de partir aussitôt que le médecin le permettrait.

Cependant Juliette n’avait pas été complètement sincère. Sans doute son ressentiment contre Robert lui faisait croire qu’elle ne l’aimait plus ; sans doute elle était touchée de la générosité de son mari ; mais elle ne voulait pas quitter la France.

De toute la nuit, elle ne put reposer.

Dès le matin, elle se traîna jusqu’à son bureau et écrivit :

« Cher docteur,

» Mon mari veut m’emmener à Rio-Janeiro. Je sens que l’Océan sera mon tombeau. Avant d’entreprendre ce long voyage, ne pensez-vous pas qu’il faudrait réparer mes forces et m’acclimater à l’air de la mer ? Vous serez d’avis, je n’en doute pas, qu’une station au Croisic me serait nécessaire.