Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
les forçats du mariage

Il ouvrit sa croisée.

En cet instant le ciel, qui tout le jour avait été sombre, s’éclaira des feux pourpres du soleil couchant. Robert sembla comme enveloppé de flammes.

— Vive le soleil, la passion, le plaisir, l’amour, tout ce qui réchauffe, tout ce qui fait vivre ! s’écria-t-il gaiement. Bon et généreux soleil, que de fois déjà ne m’as-tu pas consolé !

Et, chassant soudain la philosophie noire qui l’avait un moment attristé, cet être mobile se baigna avec ivresse dans ces clartés chaudes et joyeuses.

En véritable artiste, Robert était un fanatique de la lumière, un idolâtre du soleil. Le soleil, pour lui, c’était le créateur souverain, le dispensateur de la vie, la vraie source d’amour, c’était Dieu lui-même.

« Nos passions, disait-il, ne sont que des émanations de cet astre divin. Aussi les hommes du Nord sont-ils froids, flegmatiques, et les habitants du Sud, ardents, enthousiastes. Enthousiasme ne signifie-t-il pas Dieu en nous, Dieu, c’est-à-dire la vie, la chaleur, l’expansion, la lumière qui rayonne, le soleil, en un mot ? »

Son corps comme son âme semblaient formés d’un rayon de soleil. Ses cheveux blonds avaient des reflets d’or qui scintillaient. Sa peau d’ambre pâle avait elle-même un grain lumineux. Ses yeux