Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
les forçats du mariage

pitié, lui prit la main. D’un geste plein de câlinerie, elle la passa sous sa joue.

Elle ne dit rien et continua de fermer les yeux.

Mais bientôt Étienne sentit des larmes chaudes mouiller sa main.

— Souffrez-vous ? demanda-t-il en s’inclinant vers elle.

— Étienne, Étienne, dit-elle suffoquée par les sanglots, ai-je assez souffert, assez expié ? suis-je assez repentante ? mon Étienne, mon mari bien-aimé, mon seul ami, m’aimes-tu encore ?

Il se tut.

— De grâce, réponds-moi.

— Plus comme autrefois.

— Et jamais, jamais vous ne me rendrez votre tendresse ?

— Je ne puis faire que le passé n’ait pas existé. Il y a désormais entre vous et moi un abîme que ma volonté ne peut combler. Il est telle flétrissure que rien ne saurait effacer, ni le temps, ni l’expiation.

— Que vous êtes sévère, Étienne !

Elle continua de pleurer.

Ces larmes coulant sur un visage flétri, cette poitrine amaigrie soulevée par les sanglots avaient quelque chose de si navrant, qu’Étienne n’y put résister.

— Eh bien ! peut-être pardonnerai-je. Mais soyez franche une fois, faites-moi votre confession en-