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les forçats du mariage

effet, que vous osiez paraître dans cette chambre après les révélations d’hier.

Exaspérée, elle lui jeta à la face les aveux de Lucette.

Robert était atterré.

Marcelle eut pitié de lui, et fit signe à sa mère de les laisser seuls.

— Je le vois, tu veux lui pardonner encore, se récria Mme Rabourdet. Mais pauvre femme, plus tu lui pardonneras, plus il te mettra sous ses pieds. Ah ! les hommes se ressemblent tous, qu’ils soient comtes comme ton mari, ou marchands de coton comme ton père.

— Mère, laisse-nous, supplia Marcelle, j’ai à parler à M. de Luz.

Quand ils furent seuls, Robert fit un mouvement pour prendre la main de sa femme.

— Je vous en prie, dit-elle sévère et triste, ne me touchez pas. Je veux vous demander ce que vous entendez faire.

— Ce que j’entends faire, Marcelle ? Mais me mettre à tes genoux et implorer mon pardon. Je le sais, je suis un misérable, je mérite ton mépris, ta haine ; je n’ai d’espoir qu’en ton angélique bonté. Ta mère a raison, tu as été trop douce et trop bonne ; j’en ai abusé. Mais tu me vois vraiment malheureux de t’avoir causé tant d’inquiétude et de chagrin. Tu es trop pure sans doute pour comprendre certains entraînements. Je me suis conduit à l’égard