Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
les forçats du mariage

Il cherchait son chapeau ; il le prit et s’élança vers la porte.

— Où allez-vous ? cria Marcelle, qui, par un mouvement rapide, lui barra le passage.

— Rue Servandoni, pardieu !

— Quoi faire ?

— Les trouver, les confondre.

— Les tuer peut-être. Vous ne passerez pas. Non, non ! J’aime mon mari, entendez-vous ? Je l’aime. Vous ne le tuerez pas. Tuez-moi plutôt, moi qui vous ai montré ce papier. Ah ! vengez-vous sur moi, qui ai fait tout le mal ; mais pas sur lui, de grâce !

— Je ne le tuerai pas.

— Que ferez-vous alors ?

— Je n’en sais rien.

— Mais vous êtes en colère, et peut-être malgré vous…

— Je ne suis pas en colère.

— Vous tremblez pourtant.

— C’est possible… l’ébranlement…

— Vous me faites peur, vous me faites mourir.

Elle se laissa glisser aux genoux d’Étienne.

— Je vous en conjure, épargnez-les.

À moitié folle, elle lui baisait les mains.

— Pauvre femme ! fit-il, elle pardonne, elle ! Vous êtes meilleure que moi. Mais aussi votre malheur n’est pas si grand.

— Pas si grand !