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les forçats du mariage

— Trois heures ! s’écria tout à coup Marcelle. Mon mari ne viendra pas ; il est inutile de l’attendre plus longtemps ; car voilà une heure que je vous empêche de sortir.

— Il vous avait dit pourtant d’une manière positive qu’il viendrait ici ?

— Oui, positivement… J’étais venue surtout… J’aurais voulu le voir pour… Connaîtriez-vous parmi ses amis, M. Jacques Mennesson qui demeure ?…

Elle tira de sa poche un papier qu’elle déploya.

C’était une facture.

Elle la tendit à Étienne.

— Voyez : le nom est presque illisible. Je crois que c’est bien cela pourtant : M. Jacques Mennesson, 7, rue Servandoni…

Étienne prit la facture, et la considéra attentivement.

— J’étais tout à l’heure au salon, reprit Marcelle. La porte de l’antichambre était ouverte. J’entendis un débat assez vif entre mon valet de pied et un inconnu. Mon domestique soutenait que M. de Luz était absent. L’inconnu prétendait qu’on voulait le berner, qu’on le berçait de promesses depuis un an ; mais que menacé par ses propres créanciers, il ne pouvait attendre un jour de plus. Connaissant la négligence de mon mari à régler ses comptes, je soupçonnai qu’il s’agissait d’un fournisseur impatient. Je me montrai ; et sur mon instance, l’inconnu, sans vouloir me donner aucune explication, me