mité, il a fallu que j’y fusse contraint par d’irrémédiables désastres. Pardonnez-moi de vous les avoir cachés. Vous m’eussiez offert peut-être dans votre royale générosité de partager vos roubles avec moi. Mais ce que l’honneur m’empêche d’accepter d’une femme que j’aime, je puis sans honte l’accepter d’une femme que je n’aime pas, à cette condition que le contrat soit paraphé devant notaire.
Adieu donc ! Et j’ai le cœur bien gros en prononçant ce mot. Je ne vous dirai pas le : « Soyez heureuse » traditionnel. Non ; j’espère que vous souffrirez un peu de notre séparation, pas trop cependant. Je ne veux pas que des larmes rougissent vos beaux yeux. Rappelez-vous nos conventions : tout entre nous doit rester élégant, le chagrin comme le bonheur. Vous m’avez toujours paru la plus complète personnification de la coquetterie noble, du plaisir délicat. Notre amour n’a jamais été de la passion, car la passion vraie fait souffrir, et la vraie souffrance est laide.
Or, vous ne pouvez être que belle, toujours belle. Tout mon mérite est d’avoir su vous comprendre et vous adorer comme vous êtes digne de l’être. Daignez donc, je vous en prie, garder un bon et tendre souvenir à votre admirateur toujours enthousiaste et profondément reconnaissant,