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les forçats du mariage

Transporté, hors de lui, M. Rabourdet allait peut-être commettre quelque nouvelle balourdise, lorsque le domestique entra et annonça M. Moriceau.

Ce nom tomba comme une douche glacée sur le délire du galant mercier.

Il regarda Juliette avec effarement. Mais elle affecta de conserver toute sa présence d’esprit.

— Mon mari ! Mais faites-le donc entrer, monsieur.

— Il m’a suivie, pensait-elle.

Étienne, en entrant, jeta un rapide regard vers Juliette qui, par un mouvement instinctif, relevait jusqu’à son cou le burnous un peu trop abaissé. Ce geste, ces épaules presque nues n’échappèrent point à Étienne.

— Ah ! dit-il sévèrement, je ne pensais guère vous trouver ici.

— Le motif de ma visite, repartit Juliette, est probablement le même que celui qui vous amène, mon ami. Vous m’aviez parlé avant-hier de quelques embarras pécuniaires et de la répugnance que vous éprouviez de demander encore un ajournement à M. Rabourdet. Un remords m’a prise de dépenser toujours, de ne songer qu’à mes plaisirs en vous laissant tous les soucis. J’ai cru devoir vous épargner une fois au moins une démarche ennuyeuse. J’espère, mon ami, que vous ne m’en voudrez pas d’avoir ainsi empiété sur vos attributions.