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les forçats du mariage

le mari ne doit pas connaître !… Si je dis : petits, c’est que je crains de vous demander trop en vous suppliant de me charger aussi des gros.

Juliette se leva.

— Merci, monsieur, répondit-elle avec beaucoup de hauteur : mon mari n’a jamais refusé d’acquitter mes dettes.

Le pauvre Rabourdet, tremblant et confus, balbutiait des excuses.

— Pardon, madame, vous ne m’avez pas compris. J’ai pour vous une admiration, une vénération même, qui me rendent incapable de toute intention blessante. C’est un sentiment si pur, si élevé, que je mets au-dessus de toute autre faveur, celle que vous avez daigné me laisser prendre tout à l’heure, un baiser respectueux sur la main. Sans doute je ne suis guère façonné aux belles manières ; mais mon cœur est plein de tendresse et de dévouement. La gloire que j’ambitionne, c’est d’être votre esclave, trop heureux de vous servir, trop heureux même que vous daigniez me fouler aux pieds.

Le regard de Juliette s’adoucissait peu à peu. Elle souriait maintenant de son sourire à la fois coquet et lascif, qu’elle savait irrésistible.

— Eh bien ! puisque vos services sont complètement désintéressés, monsieur Rabourdet…

— Complètement, je le jure. Avez-vous pu croire que j’y misse une condition ? Alors madame, ce serait à vous de me faire des excuses. Quoique je