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les forçats du mariage

c’est peut-être par un raffinement de corruption.

Tu ne saurais croire que de voluptés dans cette lutte contre le désir. Et puis, un amour platonique, c’était si nouveau pour moi. Enfin, je t’ai dit quelle lugubre histoire me fit faire la connaissance de cette enfant. Eh bien ! je renoncerai même à cet amour chaste ; car il est plein de dangers pour elle, pour moi, pour l’avenir de tous.

Quitte donc ton air rogue, donne-moi l’absolution et récite sur ton pauvre Robert un De profundis. Dans quel abîme va-t-il rouler, grands dieux ?

Ton ami toujours,
comte de luz. »

Ayant terminé cette lettre, Robert prit une autre feuille de papier qui portait ses armoiries avec cette devise : Fiat lux.

Il écrivit :

« Ma belle princesse et adorée souveraine,

Je vais me marier !!! Pardonnez-moi de vous annoncer aussi brutalement cette nouvelle ; mais voilà une heure que je cherche en vain une formule décente pour vous instruire d’un fait aussi prosaïque. Il est vrai que mon émotion très-réelle en écrivant ces lignes, qui peut-être vont nous séparer à jamais, m’ôte un peu de ma présence d’esprit ordinaire. Croyez que pour recourir à cette honteuse extré-