Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
les forçats du mariage

comme la main, une arme que les sauvages du Mexique portent dans leur ceinture.

Au moment d’ouvrir la porte, il hésita. Ses genoux s’entrechoquaient. Une sueur froide inondait son visage livide. Il s’adossa au mur. Il emplit d’air sa poitrine, car l’émotion l’étouffait.

Entrer ainsi brusquement ! il l’éveillerait. Ce seraient des cris, une lutte horrible. Ne valait-il pas mieux la frapper dans son sommeil ?

Mais la frapper, la surprendre en traître ! Eh quoi ! ne l’avait-elle pas trahi, elle ?

Soudain il vit comme dans une hallucination, tant les personnages, les formes, les gestes étaient vivants, il vit Juliette enlacer Robert, l’enivrer des mêmes mots tendres qui venaient de l’enivrer lui-même. Et ce secret important qu’hier au soir elle voulait confier à son amant, ce secret, c’était sans doute aussi sa paternité. Elle le lui avait également murmuré à l’oreille en lui présentant ses lèvres, en l’effleurant de son haleine.

Il ouvrit la porte avec autant de précaution qu’un criminel, et grâce au tapis qui amortit ses pas, il se glissa jusqu’au lit de Juliette.

Une lampe de nuit, suspendue au plafond, éclairait l’appartement d’une lumière pâle. Juliette dormait d’un paisible sommeil.

Il faisait chaud. Elle avait repoussé ses couvertures. Sa longue robe de nuit, en fine batiste, recouvrait comme un chaste voile son beau corps aux