rendent fou ; je chasserais cette femme de mon foyer et de mon cœur, et tout serait dit.
Désormais, au contraire, si j’ai le courage de vivre, mon existence devra s’écouler dans une amère solitude, dans de stériles regrets ; ou bien, si je cherche une famille en dehors des lois, en dehors du monde, il faudra la cacher, il faudra qu’elle rougisse et souffre à cause de moi. Et cette famille nouvelle ne pourra s’appeler de mon nom ; tandis qu’une femme indigne le déshonorera, tandis que l’enfant né du vice, et qui portera en lui peut-être les germes du désordre, sera, devant la loi et devant la société, mon enfant, l’héritier de mes biens et de mon nom !
Voilà la justice humaine ! et c’est pour pallier tant d’inconséquences qu’elle est obligée parfois de tolérer l’assassinat. Serais-je donc bien criminel de profiter de cette tolérance, en tuant une femme impudique, qui me trompe dans mon amour et dans ma paternité ?
Telles étaient les pensées qui se pressaient, non pas en ordre, mais en tumulte, dans son cerveau. Ainsi, il cherchait à légitimer cette folie du crime qui, de plus en plus, s’emparait non-seulement de son esprit, mais de ses nerfs, de tout son être altéré de sang.
Il lutta pourtant. Puis le délire l’emporta. Tout à coup il se releva, saisit une arme dans sa panoplie. C’était une petite lame effilée, acérée, grande