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les forçats du mariage

lui, il se sentait enveloppé comme d’un manteau de feu, en même temps qu’il grelottait la fièvre.

Vingt fois il alla jusqu’à la porte de Juliette pour lui dire qu’elle mentait, qu’il n’était pas dupe, qu’il la méprisait et la haïssait. Mais il redoutait sa propre fureur. Peut-être aussi craignait-il de faiblir encore.

Il ouvrit la croisée pour rafraîchir son front brûlant ; mais le calme et l’air de la nuit ne purent apaiser la tourmente qui bouillonnait en lui.

Alors il s’étendit sur son lit sans toutefois espérer dormir ; et pourtant quel bienfait eût été pour lui un moment d’oubli !

Il prit un journal, essaya de lire. Son regard tomba sur le mot : Tribunaux. Par une de ces coïncidences qui semblent des préméditations du hasard, il s’agissait d’un mari trompé, qui dans un accès de jalousie poignardait sa femme, et que les jurés acquittaient à l’unanimité.

— Ah ! sans doute, pensa-t-il, cet homme est excusable et il était juste de l’absoudre ; car dans ce cas, c’est la loi elle-même qui pousse à l’assassinat. S’il m’était permis de me séparer si complètement de cette femme qu’elle ne fût plus rien dans ma vie ; si m’étant trompé aussi grossièrement, je pouvais revenir sur le passé, retrouver avec une autre le bonheur d’une sainte affection et les joies de la famille que je cherchais dans le mariage, je n’aurais pas ces colères et ces désespoirs qui me