Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
les forçats du mariage

moments d’excitation cérébrale, est comme une seconde vue, il devina en elle la satisfaction d’avoir bien joué son rôle, de l’avoir bien dupé.

Et cet odieux sourire restait sur les lèvres de Juliette, comme pour le narguer.

Tous ses doutes lui revinrent à la fois.

Il bondit, le bras étendu, prêt à frapper.

Mais comment expliquer cette nouvelle et subite colère ? Il se trouva insensé, ridicule, et s’arrêta.

Il sortit rapidement sans regarder sa femme, sans lui dire une parole.

Une fois dans sa chambre, hors du charme fascinateur que Juliette exerçait sur lui, il reprit un à un, et analysa les souvenirs du passé et les incidents de la soirée. La lettre de Robert, si insignifiante en apparence, il en saisit le vrai sens : c’était un rendez-vous ajourné. Puis cette promenade dans le parc, cette porte fermée à l’intérieur, quand Lucette restait au dehors ! Enfin, comment expliquer ce mensonge de Lucette, si Robert et Juliette n’eussent été là ?

Alors sa fureur se ranima plus violente ; car Juliette lui apparaissait sous un jour plus odieux. Tant d’hypocrisie et d’astuce chez cette femme qu’il avait toujours crue sincère !

Au souvenir de ces comédies de tendresse, de ces scènes de larmes, au souvenir surtout de cet enfant qui porterait son nom, et qui ne serait pas à