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les forçats du mariage

huit jours je pars avec ma femme pour le Brésil. D’ici là, je vous défends, entendez-vous, je vous défends de chercher à la revoir.

— Mais, monsieur, j’ignore en vérité sur quoi repose cette accusation. En tous cas, je ne vous reconnais pas le droit de me parler sur ce ton-là. Je suis prêt d’ailleurs, si mes dénégations ne vous suffisent pas, à vous rendre raison.

— Me rendre raison par un duel ! repartit Étienne avec sarcasme. J’entends l’honneur autrement que vous, autrement que le monde. Je suis aussi brave que vous, plus peut-être : car j’ai certes plus que vous le mépris des hommes et de la vie ; mais moi, l’offensé, à qui vous avez pris plus que la vie, j’irais vous donner, dans un combat, des chances égales aux miennes ! Vous pourriez me tuer et vivre ensuite, la tête haute, tranquille dans votre crime et dans votre amour. Ah ! si j’étais absolument sûr que ma femme fût votre maîtresse, croyez-vous que j’irais bénévolement vous demander la permission de vous tuer ? Je vous tuerais comme un chien.

— Monsieur, dit Robert, frémissant de colère, je veux faire la part du trouble où vous êtes ; mais n’ajoutez pas un mot, ou je ne réponds plus de moi.

— Me promettez-vous de ne pas revoir ma femme ?

— Je ne veux ployer devant aucune menace.

— Quoi qu’il en soit, ne l’essayez pas. J’épierai