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les forçats du mariage

lien magnétique, une communion de la douleur. Tous deux n’enduraient-ils pas les mêmes tortures ?

Marcelle, plus confiante, s’appuya davantage sur Étienne. Elle éprouvait une sorte de volupté chaste à s’abandonner ainsi au bras d’un ami. Car ces deux âmes d’élite, rapprochées par l’identité des situations, s’étaient comprises, entendues, et une amitié durable venait en un instant de se nouer entre elles.

Ils marchaient ainsi plus calmes, sinon consolés, lorsqu’un cri perçant, aigu, retentit derrière eux.

— Ah ! mon Dieu ! Lucette… son mari… courez vite, s’écria Marcelle.

Et, succombant à tant d’émotions successives, elle s’évanouit.

Étienne s’arrêta, prêta l’oreille ; et, comme il n’entendit plus rien, il prit Marcelle sur ses bras et se dirigea vers le château.

Durant le trajet, Marcelle revint à elle, et vit à la lueur de la lune la figure douce et triste d’Étienne, penchée sur elle avec sollicitude.

Elle éprouva une sensation indéfinissable à se sentir ainsi portée par cet homme bon et fort : c’étaient une ivresse de cœur, un bien-être profonds. Il lui semblait qu’ainsi protégée, aucune douleur ne pourrait plus l’atteindre. Elle referma les yeux et appuya sa tête doucement contre lui. Le rêve fut court, mais délicieux.