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les forçats du mariage

— De quel droit questionnez-vous ma femme ? s’écria Bassou qui se plaça devant Étienne d’un air menaçant.

D’un revers de main, Étienne l’écarta si rudement, que le garde alla se heurter contre la maisonnette, et resta étourdi du choc.

Alors il reprit sa course. À quelques pas de là, il aperçut une forme blanche appuyée contre un arbre. Il crut que c’était Juliette.

Il courut à elle.

— Monsieur Moriceau, dit Marcelle d’une voix mourante, offrez-moi votre bras, je vous prie, je ne puis me soutenir.

— Les avez-vous vus ? demanda Étienne, tout à son idée.

— Qui donc ? fit Marcelle affectant l’étonnement.

— Juliette et votre mari.

— Oui, répondit-elle avec un ton d’assurance, bien qu’elle mentît. Je les ai aperçus tout à l’heure, se promenant tranquillement, sans se douter de votre inquiétude. Je les crois rentrés.

— Et vous ne les avez pas appelés ? Pourtant vous étiez inquiète aussi

— Sans doute. Il fait très-frais ce soir, et Mme Moriceau n’avait rien pris pour se garantir de la fraîcheur.

— Mais alors, reprit Étienne avec un ricanement forcé, pourquoi n’avez-vous rien pris, vous ?