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les forçats du mariage

Mon mari m’accompagne, car nous ne pouvons nous quitter ; mais c’est moi-même qui règle les baux et avise aux améliorations. Car, sans que tu t’en doutes, je me connais en agriculture. Si les femmes manquent d’aplomb et de sagacité dans les affaires, c’est que leur éducation et les lois du mariage les en éloignent. J’accepte les conseils de mon mari, lorsqu’ils me semblent bons. À mon tour, je l’accompagne dans sa terre de l’Allier, où il a fondé une ferme modèle. Il a entrepris d’arracher ce pays arriéré à l’ignorance où il croupit. Il accomplit là-bas, sur un petit coin de terre, de grandes et bonnes choses : car, vois-tu, chère amie, pour s’aimer longtemps, il faut travailler ensemble, s’intéresser aux mêmes occupations et ennoblir son affection par des idées généreuses.

— Vous êtes des philosophes, vous ; mais mon Robert est un artiste qui pense avec ses nerfs. Quant à moi, je ne sais qu’aimer.

— Eh bien ! une idée : dis-lui qu’avant de vendre cette propriété de Normandie, tu voudrais la visiter avec moi et M. Dercourt, et voir s’il n’y aurait pas moyen d’en augmenter le produit.

— Je tâcherai de suivre ton conseil, répondit Marcelle en inclinant la tête d’un air accablé.