compagner demain chez son notaire. Je suppose qu’il s’agit de la vente d’une grande propriété que nous possédons en Normandie. Conseille-moi, je suivrai ton avis.
— Voici mon sentiment sur cette matière très-délicate, répondit Cora : Une femme doit rester indépendante matériellement de son mari. C’est le moyen pour elle de conserver toujours son indépendance morale et sa dignité ; mais il eût fallu le stipuler dans le contrat. Maintenant, tu dois agir avec une grande circonspection. Si tu refuses ta signature, sans doute il n’insistera pas ; mais… — elle hésita, — je ne sais ce qui pourrait arriver. Ces conflits d’intérêts sont, entre époux, le plus grand dissolvant de l’affection.
— Alors je suivrai le conseil de mon cœur.
— Tu signeras tout, pauvre femme.
— Que veux-tu donc que je fasse ?
— Lis d’abord le papier qu’il te présentera, et s’il s’agit, comme tu le supposes, de la vente d’une propriété, demande-lui à connaître le remploi de la somme.
— Moi ! femme d’affaires !
— Pourquoi pas, chère amie ? C’est moi-même qui touche mes revenus et donne les quittances. M. Dercourt m’a souvent offert ses services, à simple titre d’intendant, pour m’épargner un ennui. Je lui ai répondu que cette occupation m’intéressait. Une fois par an je visite mes fermes de la Beauce.