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les forçats du mariage

— Quoi donc ? fit-elle effrayée.

Malgré ses doutes, le pauvre Étienne, au moment de frapper, fut pris de pitié.

— Mon enfant, reprit-il d’un ton plus doux, j’aurais voulu t’épargner le moindre chagrin, et garder toujours les soucis pour moi seul. Cependant il est essentiel aujourd’hui que tu connaisses un peu notre situation.

— Ah ! je le sais : M. Rabourdet réclame de nou veau ses 400,000 fr. Eh bien ! justement, nous le verrons demain, sans doute, chez M. de Luz. Je me charge d’arranger cette affaire qui vous ennuie tant.

— Ce n’est pas cela. Nous perdons un million, un million sur lequel j’avais compté pour réparer la brèche que nous avons faite depuis deux ans à notre fortune.

Il lui montra la lettre de Rio-Janeiro.

— N’avez-vous pas d’autres créances ? répliqua Juliette sans trop s’émouvoir.

Elle regardait la pendule, et tout entière à sa passion, elle songeait que chaque minute de retard lui enlevait une chance de trouver Robert à son hôtel.

— Sans doute, répondit Étienne, il nous reste quelques créances ; mais quand nous rentreront-elles ? Il faudra donc dès aujourd’hui réduire notre dépense, vendre cet hôtel, vendre aussi les chevaux et les voitures, congédier quelques domes-