Mais Étienne avait cru reconnaître la vignette de Robert.
— Serait-ce cette lettre, reprit-il, qui te cause du chagrin ?
— Oui, c’est grand’mère qui m’annonce qu’elle ne peut revenir encore, et qui se désole de l’état de sa santé. Elle se croit comme toujours à la veille de sa mort.
Étienne savait Juliette assez insensible aux maladies imaginaires de Mme de Brignon.
— Ah ! fit-il, et c’est là ce qui cause tes larmes ?
— Sans doute. Sa lettre contient quelques mots touchants, qui m’ont émue.
Devant ce nouveau mensonge, Étienne éprouva au cœur une contraction violente.
Pourquoi sa femme mentait-elle, lui cachait-elle cette lettre ? Que pouvait écrire Robert qu’il ne pût savoir ?
Mais pour montrer sa défiance, il lui eût fallu d’autres preuves ; il pouvait se tromper lui-même.
Apercevant sur la cheminée une enveloppe déchirée, il s’approcha et reconnut cette fois l’écriture de Robert.
— Tiens, dit-il, tu as reçu une lettre du comte de Luz ?
Ses dents étaient serrées, sa voix étranglée par l’effort que lui coûtait son empire sur lui-même.