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grandes dames du très-grand monde s’attachaient à rivaliser avec les petites dames du monde interlope ; elles copiaient leurs costumes, leurs manières, chantaient leurs chansons, répétaient leurs mots ; comme elles, pariaient aux courses, fumaient la cigarette ; quelques-unes même briguaient la faveur d’assister à leurs fêtes, de visiter leurs merveilleux palais.

Mais à qui faut-il attribuer cette dépravation de nos mœurs, cette sorte de promiscuité entre les femmes honnêtes et les courtisanes ? Les premiers coupables ne sont-ce pas les hommes qui ne trouvent plus d’attrait qu’aux sociétés et aux divertissements licencieux ? Se voyant délaissées, les honnêtes femmes ont essayé de lutter, sans songer qu’elles succomberaient nécessairement dans cette lutte, qu’elles perdraient l’attrait de l’honnêteté sans pouvoir égaler leurs rivales en luxe et en dépravation.

Donc Juliette, pour retenir Robert, se jeta dans ce tourbillon malsain de femmes équivoques.

Aux douces remontrances d’Étienne, elle répondait :

— Que crains-tu ? mes sentiments religieux ne t’assurent-ils pas de ma vertu ? Serais-tu plus sévère que mon confesseur, qui me permet ce que tu blâmes ?

En effet, elle alliait à merveille les goûts mondains aux saintes pratiques de la bigoterie. Le ma-