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les forçats du mariage

Bien que ce ne fût point là encore le bonheur qu’elle avait rêvé, Marcelle cependant, abusée par ce semblant de tendresse, se prit à espérer de nouveau quelque repos, quelque joie. Elle en remercia Cora, à laquelle elle attribuait cette conversion presque miraculeuse.

Mme Dercourt, en effet, venait fréquemment apporter des consolations à son amie ; et Robert, trop absorbé par son amour pour profiter sérieusement du pacte conclu avec Cora, ne lui adressait que d’innocents hommages. Il s’amusait des douces malices passant par cette jolie bouche, si finement caustique. Tant de fidélité conjugale l’agaçait bien un peu, et il eût éprouvé une joie très-vive à porter un coup de canif dans une constance qu’il appelait une anomalie scandaleuse. Mais il ne ressentait pas auprès d’elle cet attrait impérieux qu’exerçait Juliette.

Tout l’été se passa sans nouvelle tempête. On se donna rendez-vous à Trouville d’abord, puis à Bade. Les voyages, le mouvement des villes d’eaux, les distractions du jeu assurèrent le bonheur et la sécurité des amants.

Mais c’est le propre des natures mobiles et ardentes de ne pouvoir vivre dans le calme. Il leur faut ces orages du cœur qui font sentir la vie avec plus d’intensité. C’est ainsi qu’elles portent en elles le châtiment de leurs désordres. Si leurs joies sont