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laisser sortir seule. Tu n’exiges pas, j’espère, que je t’en demande chaque fois la permission. Je suis une grande personne, ce me semble.

— Tu as raison. Une autre fois, je saurai mieux commander à mes impatiences,

Il s’avança pour l’embrasser.

Juliette lui présenta son front si bas, qu’il ne put qu’effleurer ses cheveux.

— C’est bien, mon enfant, dit-il, d’aller à confesse, si tu as la foi. Cependant, permets-moi un avis : il vaut mieux qu’une jeune femme n’abuse pas du confessionnal, surtout quand son mari l’aime et peut la conseiller.

— Pourquoi donc ? s’écria Juliette avec un ton de révolte.

— Tu veux le savoir ?

— Oui.

— Absolument ?

— Absolument.

— Eh bien ! je vais te faire une grosse révélation, peut-être maladroite. Pourtant il faut bien que tu me connaisses. Jusqu’à présent je te l’ai caché : je craignais de t’apparaître sous un aspect trop désagréable ; je craignais surtout de t’imposer ma personnalité : car je n’oublie pas et je n’oublierai jamais que le devoir le plus cher que j’aie contracté envers toi, c’est celui de te rendre heureuse, aux dépens même de mon propre bonheur. Cependant… t’avouerai-je cette faiblesse ?