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les forçats du mariage

vraisemblable. Si vous me résistez, tant mieux encore. J’aime l’obstacle, la lutte. Madame, je me déclare votre soupirant acharné.

Cora lui tendit la main.

— Le pacte est conclu, dit-elle.

Robert la reconduisit jusqu’à sa voiture, et la regardant s’éloigner :

— Je la trouverais ravissante, pensa-t-il, si je n’aimais Juliette.

Il soupira.

Pour qui était ce soupir ? Pour Marcelle, pour Juliette ?

Non, pour Cora.

Il regrettait de ne pouvoir l’aimer.

— Bah ! se disait-il en montant à l’appartement de Marcelle, pourquoi ne l’aimerais-je pas un peu ? Elle ne m’aimera jamais beaucoup : ce n’est pas dans ses cordes. Ce serait un agréable passe-temps et un préservatif contre la passion trop vive et parfois douloureuse que m’inspire Juliette. D’ailleurs, je ne puis me tenir pour battu.

XXIII


Juliette ne rentra qu’à sept heures.

Étienne l’attendait au salon. Il tenait un journal à la main et paraissait parfaitement calme.