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les forçats du mariage

— Alors ce serait moi qui mourrais, car il faut bien l’avouer, je n’ai pas l’humeur sédentaire. Mais, ajouta-t-il galamment, pour détourner une conversation qui l’embarrassait et l’attristait, que ne venez-vous la voir plus souvent ? Ce serait un attrait puissant pour me retenir auprès d’elle.

— Eh bien ! je viendrai, mais à une condition…

— Laquelle ?

— Vous me ferez la cour.

— Je jure que je n’ai pas d’autre pensée.

— Ce sera moi qui vengerai Marcelle. Je vous rendrai si malheureux, si malheureux, que vous serez forcé de recourir à elle pour vous consoler.

— Soitl mais je vous en préviens, c’est un pacte que vous venez de faire avec le diable. Votre âme est à moi.

— Je le veux bien, répondit-elle gaiement. Je risque volontiers mon salut éternel. Hein ! suis-je brave ? Prenez garde, toutefois ; j’ai un talisman qui me rend invulnérable.

— Vous me le donnerez.

— Tout de suite, si vous le voulez : j’aime mon mari.

— Depuis cinq ans ? C’est de la mythologie, repartit Robert en riant. Quand on aime son mari, on n’aime personne. Raison de plus pour écouter le premier venu qui saura vous dire qu’il vous aime.

— Monsieur, je suis un roc.

— Vous, insensible, avec ces yeux-là ! c’est in-