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les forçats du mariage

les enivrements, les joies folles de l’amour. Emportée par la jalousie, elle dit à Étienne :

— Voilà M. de Luz. Priez-le donc de venir nous renseigner sur les chevaux et les paris engagés. Étienne obéit à sa femme.

Robert accourut aussitôt.

Il tremblait. Dès le premier regard, ils se sentirent tous deux plus que jamais enchaînés l’un à l’autre. Ils ne firent aucune allusion au passé ; aucun reproche ne fut articulé.

Tant que durèrent les courses, ils ne se quittèrent plus. Robert oublia complètement Nana et ne daigna pas répondre au salut agressif que lui adressait des tribunes la princesse Ircoff.

Son cheval fut battu ; il ne le regarda point ; il perdit cent mille francs sans sourciller. Pour un sportsman, oublier son cheval et les paris de la course, quelle plus grande preuve d’amour !

Ils parlaient peu, cependant, et seulement de choses indifférentes, tant le bonheur de se revoir, après une séparation si longue, leur emplissait l’esprit et le cœur.

Au moment de se quitter, comme Robert conduisait Juliette à sa voiture, elle lui dit :

— Demain à deux heures, rue Jean-Bart. Grand’mère est à Nice.

Le lendemain, Juliette reçut Robert dans cette chambre blanche et bleue, dans ce sanctuaire déjà profané qui leur rappelait les premières ivresses de