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les forçats du mariage

— Et qu’est-ce qui causait ton agitation ?

— Le sais je ? répondit-elle avec impatience.

Il lui passa la main sur les cheveux et voulut la baiser au front.

Juliette ne put réprimer un léger mouvement de répulsion qui n’échappa point à Étienne. Il fronça le sourcil, ses paupières eurent une imperceptible contraction. Puis, posant doucement la tête de sa femme sur le coussin :

— Tâche de dormir un peu, dit-il ; cela te remettra. J’ai rendez-vous avec un expert pour faire estimer ce Titien que tu désires.

— Oui, je vais essayer de dormir, répondit-elle.

Étienne sortit. Elle poussa un soupir dé soulagement.

Quand elle souffrait ainsi, tout bruit, toute distraction, les attentions mêmes de son mari l’irritaient.

Robert vint quelques instants après.

Son visage était également altéré. Son beau regard rayonnant semblait abattu par la fièvre et par l’insomnie,

Juliette, malgré sa joie de le voir, se contint. Elle resta étendue, immobile, les yeux fermés.

— Vous souffrez ! s’écria Robert.

— C’est vous qui me faites mourir, dit-elle faiblement. Pourquoi n’êtes-vous pas venu hier ?

— Marcelle était malade.

— Puisque vous aimez tant votre femme, que ne