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les forçats du mariage

Ce salon, tendu de satin or pâle, était riche, voluptueux et coquet. Les sièges très-bas, de formes variées, étaient entièrement recouverts de même étoffe. Partout la soie, les glands touffus, les riches crépines.

Dans des jardinières de laque, les azalées éclatantes, les pâles et naïves bruyères et les bananiers à hautes feuilles prêtaient à ce salon leur parure d’hiver.

Juliette était enveloppée d’une robe de chambre de cachemire blanc, sur laquelle se déroulaient ses longs cheveux noirs.

La souffrance avait voilé son regard, pâli ses joues et attendri les lignes un peu trop énergiques de sa bouche. Des marbrures bleuâtres estompaient les tempes et les contours du visage. Elle tressaillait au moindre bruit. Par instant des larmes lui montaient aux yeux, et sa poitrine était oppressée par de pesants soupirs. Ainsi ployée par la passion, elle était plus belle encore, presque touchante.

— Qu’as-tu ? ma bien-aimée Juliette ? souffres-tu ? demanda Étienne avec anxiété.

— Oui, je ne sais ; un peu de lourdeur dans la tête. Ce n’est rien.

Il s’assit à côté d’elle.

Elle appuya son front languissant sur l’épaule de son mari.

— As-tu mal dormi ? reprit-il.

— Oui, c’est cela ; j’ai passé une nuit fort agitée.