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les forçats du mariage

Quand Robert lui eut exposé la situation pécuniaire d’Étienne :

« — Vous allez, n’est-ce pas ? objecta le prudent financier, lancer cette jolie femme dans le grand monde. Mobilier 100,000 francs ; chevaux, voiture, train de maison, toilettes, inexpérience de la vie, 200,000 ; cela fait 300,000 francs pour la première année. Au bout de trois ans, si les créances lointaines ne se liquident pas, ils seront ruinés. Il arrivera donc un moment où…

— Où la reconnaissance du cœur… reprit Robert.

— Non, j’espère plutôt dans les reconnaissances sur papier timbré, répondit avec un rire cynique le futur Démosthènes de la Chambre.

— Vil commerçant ! dit Robert, en riant aussi. Eh bien ! c’est entendu, vous avancez l’argent.

Il rentra et parla à l’oreille de Moriceau, qui sortit avec eux ; et, sur l’heure, l’affaire se conclut.

Étienne, en vrai mari, remercia Robert avec effusion.


XIX


Pendant un mois, Étienne et Juliette furent tout occupés de leur installation. Robert les voyait chaque jour. Devenu leur indispensable conseiller, ses avis étaient presque toujours adoptés.

Certes, bien qu’elle s’en défendît, Juliette l’aimait encore. Quand il n’arrivait pas à l’heure annoncée,