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les forçats du mariage

L’amour irradiait de cette belle femme, comme le rayon s’échappe du soleil, comme le parfum s’exhale des fleurs. Il semblait qu’on respirât auprès d’elle une atmosphère embrasée.

Il était un peu tard quand Robert entra dans la loge. Ce fut un événement ; car depuis son mariage, il n’avait pas encore reparu dans le monde. On se demandait quelle était cette femme qui excitait la curiosité de la salle entière, et quel pouvait être l’homme basané qui les accompagnait.

Robert remarqua l’attention dont il était l’objet, l’admiration que soulevait Juliette ; et quelque blasé qu’il fût sur les succès de ce genre, cette ovation tacite caressa agréablement sa vanité.

— Madame de Luz n’a pu vous accompagner ? demanda Étienne.

— Elle est très-souffrante ce soir ; j’ai même cru un moment ne pouvoir sortir moi-même.

Quant à Juliette, bien que depuis une heure le retard de Robert lui causât une anxiété très-vive, elle ne laissa rien paraître de l’émotion qui l’envahit en le voyant entrer. Elle le salua avec indifférence, affectant d’être absorbée par le spectacle.

— Vous aimez donc beaucoup la musique ? demanda Robert.

— C’est ma seule passion, répondit-elle sèchement.

— Vous m’attendiez plus tôt ?