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les forçats du mariage

— Je le sais bien, répliqua-t-elle fièrement, Si je vous remercie, c’est de votre amour et non de votre argent.

Elle le regarda d’un air si hautain, qu’il s’empressa d’ajouter :

— Je souffre quelquefois de ta fierté ; mais je l’aime mieux ainsi. Beaucoup de femmes s’avilissent dans le mariage ; or, moi, je pense qu’une femme qui vend ses baisers à son mari, est capable de les vendre à un autre. Je désire donc que tu sois bien persuadée qu’entre nous les questions d’argent seront tout à fait secondaires. Une fois pour toutes, veuille me considérer comme ton caissier.

L’impérieuse jeune femme fut attendrie de tant de générosité et de délicatesse.

Elle lui tendit la main.

— Tu es le plus noble et le meilleur des hommes, lui dit-elle.

Juliette aimait-elle son mari ?

Sans doute elle était touchée de cet amour exclusif et dévoué, trop admiratif peut-être pour montrer les exigences, les impétuosités, les ardeurs égoïstes de la passion.

Or, Juliette, plus sensuelle que tendre, ne savait pas toujours apprécier les exquises délicatesses de son mari. Au lieu des félicités pures, tranquilles, rêvées par Étienne, il lui fallait, ainsi qu’à Robert. l’amour qui donne la fièvre.