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préface

mer, les unions non-seulement plus heureuses, mais surtout plus constantes.

En effet, qu’arrive-t-il aujourd’hui ?

Dès que le mariage est conclu, les époux rivés l’un à l’autre, ne craignant plus de se perdre, jugent inutiles les égards, les bons procédés. Dans la sécurité même est le germe d’un refroidissement réciproque.

Mais si le lien est dissoluble, tout change aussitôt.

L’époux despote, vicieux, infidèle, réprime ses mauvais penchants, parce qu’il sait que sa compagne pourrait le quitter et porter à un autre son amour et ses soins.

Une femme acariâtre n’oserait plus faire souffrir son mari ; une coquette, le tromper ou le désoler.

L’homme qui voudrait n’épouser qu’une dot ne ferait pas ce honteux calcul, parce qu’il saurait qu’une fois désillusionnée, sa femme romprait une union mal assortie.

Et l’on ne verrait plus ces sortes de vols au mariage où l’on se trompe réciproquement sur le chiffre de la dot, sur la situation pécuniaire des parents ; car ces mariages frauduleux seraient promptement rompus.

Mais on nous répond : la séparation remédie aux abus que vous signalez. — Nous prétendons qu’elle les aggrave au contraire.

En effet, la séparation désunit sans délivrer,