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les forçats du mariage

Devant ce souvenir délicat, cette preuve d’affection, Marcelle resta un moment interdite. La transition trop soudaine du chagrin à la joie lui ôtait la parole. Elle pleurait encore, mais c’était de bonheur. Elle embrassait sa mère, elle embrassait le bouquet.

— Oh ! maman ! s’écria-t-elle enfin, je suis un monstre d’ingratitude. À l’instant même où je l’accusais de ne plus m’aimer, il pensait à moi, à ma fête, à cette charmante surprise. Comme il est bon ! Comme il est aimable, mon Robert ! Et toi qui m’engageais à le quitter !

Son visage, auparavant pâli et fatigué, était maintenant tout rose ; et comme un enfant, elle riait à travers ses pleurs.

— Et moi, reprenait-elle, qui n’aimais pas le camélia, parce que c’est une fleur sans parfum ! Eh bien ! je déclare en ce jour solennel que je n’aime plus que le camélia, à cause du grand bonheur qu’il vient de me donner. Mère, ris donc aussi, toi ; je suis heureuse. Ah ! quelqu’un, c’est lui ! Comme mon cœur bat ! Robert, cria-t-elle en s’élançant vers la porte qui s’ouvrit.

Ce n’était pas Robert, mais un valet de pied qui annonça M. et Mme Moriceau.

Marcelle n’avait pas vu Juliette depuis la scène de l’église. Cette visite inattendue sembla d’abord apporter un nuage dans sa joie. Mais sa bienveillance naturelle l’emporta. Elle essuya ses yeux