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les forçats du mariage

— Qu’as-tu donc, mon enfant ? demanda Mme Rabourdet avec une vive anxiété.

Marcelle tressaillit.

— Moi, rien, maman, je t’assure. Elle baissa les paupières pour cacher les pleurs qui emplissaient ses yeux.

— Rien ? Je vois bien que tu me caches quelque chose. À qui confieras-tu tes chagrins, si ce n’est à moi ? Qui donc mieux que moi pourrait te consoler ?

Marcelle essuya furtivement une larme.

— Il te rend malheureuse. Ah ! je m’en doute depuis longtemps. Pauvre, pauvre enfant !

— Mais non, mère, c’est le meilleur des maris. Il est doux, charmant, attentif comme le premier jour.

— Alors pourquoi pleures-tu ?

— Je suis un peu malade peut-être.

— Non, ce n’est pas cela.

— Eh bien ! C’est lui qui est malheureux, qui s’ennuie, car…

— Car ?…

— Il ne m’aime plus.

— Il ne t’aime plus ? s’écria Mme Rabourdet hors d’elle.

— Il n’en est pas cause, se hâta d’ajouter Marcelle. Il se conduit avec moi comme s’il m’aimait encore ; mais je le sens là…

— Et il y a longtemps ?