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les forçats du mariage


XVI


Au mois de janvier, Robert et Marcelle s’installèrent dans un hôtel de la rue de Berri, un hôtel somptueux, décoré avec un grand luxe et un goût artistique à la fois large et délicat.

Robert s’était plu à entourer Marcelle de toutes les élégances, cherchant ainsi à compenser, par des jouissances factices, le vrai bonheur qu’il ne pouvait lui donner.

C’était une pâle journée d’hiver. Ils se trouvaient tous deux dans un boudoir qui ouvrait sur les serres.

Ce boudoir était tendu de satin bleu-ciel, capitonné avec boutons de velours noir. Les rideaux et les sièges de même satin étaient garnis de longues crépines noires et bleues. Les meubles, en bois de rose incrusté de médaillons de Sèvres, étaient de véritables objets d’art. C’était frais, coquet, doux à l’œil, tendre comme la nature de Marcelle.

Cependant, au milieu de toutes ces richesses, entourée de soins attentifs, de prévenances délicates, la jeune femme se sentait opprimée par un insurmontable chagrin, par un doute vague, mais obstiné. Souvent il lui arrivait d’envier les tracas de la pauvreté qui laissent moins de prise aux souffrances de l’âme.