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les forçats du mariage

Quelques heures avant le départ, Robert rencontra dans le parc Lucette qui se dirigeait vers le château.

Pâle, les yeux égarés, elle portait au front une blessure qu’elle cherchait à dissimuler sous ses cheveux.

— Qu’y a-t-il encore ? lui demanda Robert.

J’allais trouver madame pour la supplier de m’emmener. Je vous en conjure, monsieur, emmenez-moi.

Elle pleurait.

— Que s’est-il passé ? Ne me cachez rien.

— Il faut que je suive votre conseil ; il est temps que je parte. Je crains un mauvais coup, non pas pour moi, je suis bien lasse de vivre, mais à cause de notre fils, qui aurait un père assassin. Maintenant il excite le petit contre moi, et lui apprend à m’injurier. Ah ! monsieur, emmenez-moi à l’étranger avec mon enfant. Une fois là-bas, il ne pourra me le prendre.

— Mais enfin, pourquoi ces nouvelles violences ?

— Mon Dieu ! quand sa folie le prend, tout lui porte ombrage. Un jour, vous voyant passer de loin avec Mme de Luz, je ne pus m’empêcher de dire : « Vois donc comme ils sont beaux, comme ils s’aiment ! » Alors, pour ces simples mots, il m’a jetée à terre, m’a foulée sous ses pieds en criant : « C’est cela, tu me trouves trop vieux, trop laid ; il