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les forçats du mariage

peut-être espérait-il la trouver moins heureuse qu’Étienne ne l’annonçait.

— Si tu veux, dit-il à Marcelle, nous partirons aussi, nous. Nous irons passer une saison à Bade, et de là, nous nous rendrons en Italie.

Marcelle accepta joyeusement cette proposition qu’elle n’avait point encore osé faire.

Avec cette seconde vue du cœur que possèdent les femmes aimantes, elle devinait en Robert une agitation intérieure ; elle entrevoyait une rivale, et son instinct lui désignait Juliette.

Cependant la lettre d’Étienne devait lever tous ses doutes. N’était-ce pas Robert qui avait fait ce mariage ? Pourquoi s’en affecterait-il ?

Elle résolut vaillamment de saisir la bête noire par les cornes. D’ailleurs il était malheureux, elle le sentait bien ; et quelle que fût la cause de ce chagrin, elle eût donné son bonheur propre pour ramener en lui la quiétude des premiers jours.

— Écoute, mon Robert, dit-elle, puisque tu aimes tant Juliette, moi aussi je veux être son amie ; car nos sentiments comme nos pensées doivent être communs. Privée si jeune de toute affection, combien elle a dû souffrir ! Nous serons sa famille, nous lui ferons oublier son douloureux passé.

Robert, attendri, la remercia avec effusion.

La veille du mariage de Juliette, ils se disposèrent à quitter la campagne.