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les forçats du mariage

XIII


Au bout d’un mois, Robert reçut d’Étienne la lettre suivante :

« Enfin, Juliette m’aime ; elle consent à m’accorder sa main, et me charge de vous l’apprendre.

» Aucun langage humain ne pourrait rendre ma félicité. C’est à vous, mon cher Robert, que je devrai mon bonheur. Croyez à ma reconnaissance profonde, éternelle.

» Nous nous marions jeudi prochain, à onze heures, à l’église Saint-Sulpice. Mon adorée Juliette désire votre présence et celle de la comtesse de Luz. Aussitôt après la cérémonie, nous partirons pour Nantes. »

À la lecture de cette lettre, Robert éprouva comme un éblouissement. Le papier tremblait dans ses mains.

Ainsi Juliette ne l’aimait plus, elle aimait Étienne. Ainsi elle serait heureuse. Il voyait donc ses torts envers elle réparés : sa conscience serait désormais tranquille. Alors pourquoi la colère grondait-elle en lui ? C’est qu’il préférait ses remords mêmes à cette souffrance aiguë, la jalousie.

D’abord il eut la pensée de ne point assister à cette cérémonie ; mais il céda au désir de revoir Juliette, de lui parler une dernière fois. À son insu,