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les forçats du mariage

qui pleure. Il buvait ses larmes ; il sut les tarir par d’interminables baisers.

Robert possédait véritablement le génie de l’amour. Il était passionné, mais tendre aussi. Il avait des délicatesses de cœur si ingénieuses, de si douces câlineries, de si charmantes mignardises et ces flatteries toujours si persuasives auxquelles les femmes ne savent pas résister. Ce qui lui donnait surtout une réelle puissance de séduction, c’était l’accent de sincérité ardente avec lequel il savait protester de son amour.

Comment Marcelle eût-elle douté encore ?

Sa grande douleur se calma donc peu à peu, et son pauvre cœur, si horriblement serré, se dilata de nouveau au souffle de cet amour véhément et doux.

En réalité, Robert aimait sa femme. Il était sincère, bien qu’il mentît.

Ils revinrent à la campagne. Toutefois, la même expansion ne régnait plus entre eux, La blessure était fermée ; mais ils sentaient tous deux qu’elle était vive encore et pouvait se rouvrir.

Le lendemain, vers deux heures, Robert se montra préoccupé, anxieux même. Il tira plusieurs fois sa montre. Il ne pouvait tenir en place. Tout à coup, il serrait sa femme dans ses bras, lui souriait avec tendresse, lui parlait fiévreusement de son amour ; et l’instant d’après, il paraissait ne plus songer à elle.