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les forçats du mariage

reine adorée. Soupçonner son mari ! Demandez-moi pardon, madame, ou je me renferme dans ma dignité.

— Mais cette princesse qui t’écrit une lettre si tendre ?

— La princesse ! C’est une excellente femme, fort coquette. Je lui ai fait la cour par politesse ; mais elle n’a jamais été qu’une amie pour moi.

— Mais cette Nana ?…

Robert posa la main sur la bouche de Marcelle.

— Ne prononce jamais ce nom, il souille tes lèvres.

— Alors, comment as-tu pu aimer, ne fût-ce qu’un moment, une créature pareille ?

— Parce qu’il est un certain monde où l’on place toute sa vanité à afficher une maîtresse.

— Eh bien ! jure-moi que tu ne reverras plus ces horribles femmes qui ont failli me faire mourir.

Robert jura tout ce qu’elle voulut.

La pauvre Marcelle ne demandait qu’à être consolée, rassurée. Elle se laissa aller dans les bras de son mari.

— Tu le vois, vilaine jalouse, il fallait tout soupçonner, excepté cette chose monstrueuse, que j’étais capable de te tromper. Enfant gâtée ! Mais je te gâterai toujours.

Il lui passait la main dans les cheveux doucement, magnétiquement, et il la serrait sur son cœur en la berçant, ainsi qu’on apaise un enfant