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les forçats du mariage

à coup. Je ressens partout le froid de la mort. J’en mourrai, j’en mourrai.

La fièvre, en effet, faisait claquer ses dents et les pleurs la suffoquaient.

— Ma petite femme bien-aimée, dit Robert profondément attendri par cette douleur naïve, je t’avouerai tout, tu sauras tout. Enfant ! enfant ! mais je t’assure que je n’aime que toi au monde. Pourrais-je trouver une femme plus belle, plus tendre, plus gracieuse ? Comment as-tu pu douter de moi ?

— Mais alors, qu’est-ce donc que cette Juliette ? Expliquez-vous…

Robert lui répéta en quelques mots l’histoire qu’il avait contée à Étienne. Ainsi l’espoir de marier Juliette l’avait seul conduit à Paris.

— Cependant, objecta Marcelle, tu as eu pour elle une grande affection ?

— C’est vrai, mais une affection toute paternelle. Elle a été si malheureuse, la pauvre enfant !

— Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé d’elle ?

— Parce que ton amour me l’avait fait oublier. J’avais le cœur si plein de toi, que toi seule absorbais ma pensée. Mais tu assisteras à son mariage, et tu la verras l’hiver prochain, sans doute ; et je vous défends bien, madame, d’en être jalouse. C’est une injure que je ne vous pardonnerais plus ; car, si je me prosterne à tes pieds, ce n’est pas pour te demander pardon, c’est pour t’absoudre, ma