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les forçats du mariage

— Mais auparavant, reprit-elle, vous êtes allé voir une femme qui se nomme Juliette.

Robert resta un moment abasourdi. Comment avait-elle pu savoir ou deviner aussi juste ?

Marcelle lui montra plusieurs papiers épars sur le tapis.

Il s’en saisit.

C’étaient les trois lettres que, la veille de son mariage, il avait reçues de la princesse Ircoff, de Nana et de Juliette ; ces trois lettres qu’il avait négligemment froissées ensemble et jetées dans le foyer.

— En quoi ces chiffons de papier, dit Robert un peu remis de son trouble, prouvent-ils que je ne suis pas allé chez mon ami ?

— J’ai lu ce matin la suscription de la lettre qui a motivé votre voyage à Paris, et je viens de reconnaître cette écriture. Enfin c’est cette même femme que vous êtes allé voir la veille de notre mariage, alors que je vous priais si instamment de rester auprès de moi.

— Je te jure…

— Ne jurez pas, reprit-elle impatiemment. Je le sais, j’en suis sûre, je le sens là, vous me trompez. Me tromper ! ajouta-t-elle d’une voix plaintive, entrecoupée de sanglots, moi qui vous aimais tant ! Ce bel amour, et mon bonheur détruits… déjà… si tôt !… Ah ! je souffre… Le cœur… ce cœur si entièrement à vous… Il s’est glacé tout