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les forçats du mariage

Luz femme de chambre ! Cela me paraît aussi fort qu’Hercule filant aux pieds d’Omphale.

Il alla chercher les bas de Marcelle, des bas si fins qu’ils tenaient dans le creux de la main. Avant de les mettre, il les baisa.

— J’aime non-seulement toi, mais tout ce qui te touche, tout ce qui est à toi. Tu le sais, je suis un idolâtre ; tu es ma seule idole, et tous tes vêtements sont pour moi de pieuses reliques.

Marcelle l’écoutait avec un sourire et des regards enivrés.

— Si papa nous entendait nous tutoyer comme de vrais bourgeois ! s’écria-t-elle tout à fait rassérénée.

Ils descendirent dans le parc.

— Quel beau jour ! dit Robert, qui sembla humer avec volupté l’air matinal. Vois donc ces vapeurs qui enveloppent les arbres d’une gaze brillante. Comme le soleil est bon ! comme il est doux ! On dirait qu’il comprend notre amour et qu’il craint d’en troubler les divines langueurs par des rayons trop vifs.

— C’est vrai, il fait tendre, répondit Marcelle qui se suspendait amoureusement au bras de Robert.

C’était en effet une de ces matinées de mai, à la fois suaves et gaies, où l’on se sent jeune, ravivé par les tressaillements de la séve qui monte, et en même temps alangui par les senteurs enivrantes