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les forçats du mariage

— Puisque cette jalousie est sans motif, lui dit Robert, votre mari est incorrigible. Que ne le quittez-vous ?

— Il m’a menacée, si je le quittais, de me faire ramener par les gendarmes.

— Alors plaidez en séparation.

— Moi, devant les tribunaux ! plaider contre le père de mon enfant ? Et d’ailleurs le tribunal lui donnerait le petit ; et puis cela coûterait beaucoup d’argent. Nous n’en avons pas. Mon mari n’a pas d’ordre : nous sommes fort en retard.

Malgré l’offre que lui fit Robert de payer les frais de procès, Lucette persista dans son refus.

Marcelle, superstitieuse comme tous les êtres faibles, fut très-péniblement impressionnée par cet incident qui lui parut d’un fâcheux augure.

Une émotion vague, douloureuse, lui oppressait le cœur. Elle crut à un pressentiment.

— Et pourtant, se disait-elle, mon Robert est si bon, si doux, si loyal ; comment pourrais-je jamais souffrir par lui ?


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Huit jours se sont écoulés depuis l’installation des jeunes mariés à la campagne, huit jours d’en-